Page:Casgrain - Légendes canadiennes, 1861.djvu/202

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enfant, ivre de liberté, d’air et de lumière, le cœur léger comme l’aile des papillons dorés, je n’avais d’autre souci que d’émietter mes bonheurs ingénus parmi les grands bois, près des sources moirées, ou sur le velours des prairies ; — tour à tour bondissant parmi les foins en fleurs, tout baignés de rosée, — ou éparpillant, lutin espiègle, leurs meules odorantes, — ou taquinant les moissonneurs courbés sur les blondes gerbes, — ou, les joues barbouillées de fraises, les cheveux couronnés de grappes de bluets, cueillant les nids harmonieux !

Oh ! qui me rendra mes ivresses enfantines, mon beau ciel bleu, mon front rose, mes courses dans les blés d’or, ou dans les glaïeuls en fleurs, mes fraîches matinées, — heures charmantes, — extase de la vie, — où le cœur n’est que le brûlant encensoir d’où s’exhalent sans cesse de divines ambroisies ; — où les sens, en-