Page:Casgrain - Légendes canadiennes, 1861.djvu/375

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L’un des Iroquois, tenant à la main un long éclat de bois effilé, s’approcha de moi, et le mettant entre mes mains, il me fit signe, avec cet air caressant et ironique que les Sauvages aiment à prendre en exerçant leurs cruautés, de l’enfoncer dans le bras de ma mère qu’il venait de saisir par le poignet.

Pétrifié d’horreur à cette atroce proposition, je feignis de ne pas comprendre ; mais, après quelques tentatives, voyant ma persistance, il me menaça de son casse-tête.

Alors, afin d’échapper à l’horrible supplice d’être moi-même le bourreau de ma mère, je jetai la baguette loin de moi, dans l’espoir de me faire tuer.

Hélas ! que n’ai-je eu le bonheur de terminer alors ma malheureuse carrière ?

Je n’aurais pas été condamné à souffrir à la fois toutes les agonies sans mourir.