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LA FORÊT

La fortune ennemie a de ses mains fatales
Renversé du palais les enseignes royales.
Ces murs silencieux, que la foudre a frappés,
D’un long et triste deuil semblent enveloppés ;
L’aquilon vient mugir sous leurs voûtes antiques,
Et la feuille des bois roule dans leurs portiques.

Qui pourroit aux malheurs égaler les regrets !
O nature ! épaissis l’ombre de tes forêts,
Et loin de ces grandeurs en butte à tant d’outrages,
Viens entourer mes yeux de tes seules images.

Des bords de l’Océan aux neiges du Simplon,
Et de l’Adour aux lieux où le Rhin perd son nom,
Sur un sol embelli de pompes végétales,
Cette belle Forêt ne craint point de rivales.
Là d’abord, au lever de la lune des fleurs,
Se rend la Botanique avec ses jeunes sœurs :
Habit court et léger, ruban à la ceinture,
Brodequins, blanc chapeau, composent leur parure.
Flore qui sous leurs mains voit prospérer ses dons,
Déploie en leur faveur mille odorans festons,