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LA FORÊT

Des forges, des fourneaux, des tourbillons de feux,
Les vapeurs de l’Erèbe et ses spectres hideux !
La flamme eût dévoré ce magnifique ombrage ;
Plus de bois, plus d’oiseaux ; un silence sauvage
Flétriroit les beaux lieux où résonnent leurs chants.

Mais non : venez, amis de ces êtres charmans,
Et sans étudier sur de tristes tablettes
La momie emplumée et les doctes squelettes,
Venez dans la Forêt voir ce peuple léger
Sous les toits du printemps aimer et voltiger.
Chaque espèce a ses mœurs. Au sein de la charmille
L’un cache le berceau de sa jeune famille[1] ;
L’autre, pour ses petits, a déjà destiné[2]
La roche héréditaire où lui-même il est né.
A l’aubépine en fleurs le bouvreuil est fidèle,
Et sur l’orme élevé bâtit la tourterelle.

Heureux qui dans ces bois, errant dès son réveil,
Peut sous l’ombre amoureuse achever le soleil,

  1. Le verdier.
  2. Le tarier.