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Page:Castellion - Traité des hérétiques.pdf/31

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TRAITÉ DES HÉRÉTIQUES

Et combien que ces choses soient très cruelles, toutefois ils commettent encore un autre péché plus horrible, c’est qu’ils couvrent toutes ces choses sous la robe de Christ, et protestent qu’en ces choses ils servent à sa volonté ; comme ainsi soit que Satan ne pourrait excogiter ni penser chose plus répugnante à la nature et volonté de Christ ! Et eux, qui cependant sont si adversaires aux hérétiques (comme ils disent) tant s’en faut qu’ils haïssent les méchants, que même ils ne font point conscience de vivre en délices, avec les avaricieux, nourrir des flatteurs, supporter des envieux, entretenir des calomniateurs, rire et gaudir avec les ivrognes, avec les gloutons, et adultères, mener fête, et faire grande chair, avec les plaisanteurs, et les déceveurs, et vivre journellement avec telle sorte de gens haïs de Dieu. Lesquelles choses comme elles soient certaines et véritables, qui est-ce, qui pourrait douter, que ceux-là ne haïssent les vertus, et non pas les vices ? Car celui qui aime le mal, celui-ci même haït le bien. Comme si tu vois quelqu’un qui aime les mauvais, tu ne dois aucunement douter, que celui-ci même ne haïsse les bons.

Je te prie. Très illustre Prince, que penses-tu que fera Christ, quand il viendra ? louera-t-il ces choses ? les approuvera-t-il ?

Considère un peu cette affaire, je te prie, en la manière qui s’ensuit : Prends le cas que quelqu’un soit accusé en ta ville de Tubingue par quelque autre, lequel vienne à parler ainsi de toi : Je crois que Christofle est mon Prince, et veux obéir à lui