E ! Maugis, dolz amis, que n’estes avœc moi !
Ja n’eüsson [meseise] ne de fain ne de soi. »[1]
« Sire, ce dit Richars, par le foi que vos doi,
Se j’en fusse creüs, pais eüsson au roi ;
Mais aler l’en lassames, par le vostre bofoi. »
« Frere, ce dit Renaus, tort avez, par me foi. »[2]
Là dedenz Montauban commence la [destrece].[3]
De pain, de vin, de car avoient secerece.
Le pain i fesoit on de lentille ou de vece.
En trestot lo chastel n’ot joie ne leece.[4]
[Li enfant se pasmoient de fain et de tristece,][5]
La duchoise les vit, en plorant [les redrece] ;[6]
Adonc maudit son frere cui ele tient à crece.
Le cors Dex a juré, à cui elle s’adrece,[7]
Se Jhesus tant l’amoit, par sa grande leece,
Que elle eüst vitaille à la soe largece,
N’en mangeroit jamais, ains moroit à destrece.
Dolant furent li frere, ne savoient que faire.
Adonc parla [Guichars] qui ne [puet] plus mal traire.[8]
- ↑ 13658 M sic. L message. A soif.
- ↑ 13662 M frere, chen poise moi.
- ↑ 13663 Sic M. L famine. A omet cette laisse.
- ↑ 13666 Ici commence la seconde section du manuscrit. La page est rayée à 65 lignes, l’écriture plus récente et moins bonne que dans la première section. V. à la description des manuscrits dans l’introduction.
Mais l’on a des détails plus complets, avec le fac-similé des deux feuillets où la séparation se fait, dans la Revue des Langues Romanes, 1901, p. 31-38. J’ajoute que déjà dans la première partie, du f° 11, recto A : Vois aseür par France, quant jo i sui montés (ici, v. 3640 ; Mich. 96, 31), au dernier vers du f° 24, verso C : Car Jhesus fu traïs de Gudas le felon (ici v. 8592, Mich. 226, 25) l’on a une section où les variations de l’écriture et du nombre des vers à la page dénotent tout un travail ou de choix entre plusieurs versions ou de remaniement. Cette section comprend le récit depuis l’endroit où les Fils Aymon quittent définitivement leur père et leur mère et partent pour le Midi, jusqu’à celui où Renaud explique qu’il faut secourir le roi Ys malgré sa trahison.
- ↑ 13667 Vers nécessaire pris de M, manque à L.
- ↑ 13668 Sic M. L s’i adrece.
- ↑ 13670, 13678 Notez Dex pour Deu. Cf. 13732, 13820, 13911, etc.
- ↑ 13675 L. Guichr qui ne plus. M qui ne poveit mal traire.