On avait un peu trop compté sans de Boucherville, Beaubien, Archambault, etc., etc., etc.
Voilà qu’une tempête formidable fond sur le vaisseau ministériel. Pour comble de malheur, Allan, Rivard & Cie viennent bien offrir un demi-million de plus que ne voulaient payer Senécal & Cie ! Pour le coup, ça devient trop dangereux ! il faut vite s’en tirer comme on pourra, finir la session et filer à Ottawa pour y mettre à l’abri le drapeau déjà fortement avarié.
15e raison d’État, ! il part !
Et cette fois, c’est sérieux !
M. Chapleau malade a entonné le chant du cygne. Il meurt à Québec ; mais comme le Phénix, il renaîtra de suite à Ottawa plein de vie et de santé. Son homélie in extremis a attendri tous les cœurs. Heureuse maladie ! plus heureux malade !…
Starnes aidant… et Senécal… et Lacoste !
Et Labruère reconsidérant, avec un désintéressement tout platonique, une opinion trop hâtive… ça passe au conseil.
Allons donc ! Pourquoi se laisser aller à de vaines terreurs ? se dit Chapleau… on fait de si jolies opérations à Québec !
16e raison d’État ! il reste !
Nous voilà rendu à la dix-septième raison d’État, et chose étrange ! rien encore pour ce pauvre pays ! La raison d’État en définitive, ça n’a donc rien à faire avec les intérêts de l’État… à moins donc que, comme Louis XIV, Chapleau ait le droit de dire : “ L’État c’est moi ! ”
Il part ! il reste !
Il reste ! il part !
Il y en aurait comme cela pour atteindre le No 77 !
Abrégeons :
Voilà qu’à la fin, ça se corse terriblement ! Sans doute, qu’en vendant, on a fait un grand acte de patriotisme ! Sans doute qu’on a sauvé la province de la banqueroute !… et pourtant, c’est singulier… tout le monde semble pris d’une peur terrible. Loranger a la chair de poule. Flynn lui-même flageole sur ses mignonnes de jambes ! Paquet a l’air d’avoir des remords… Tous veulent se sauver !… À la course au portefeuille, état anormal de la politique et des politiciens, a succédé la fuite des banquettes ministérielles ! c’est un sauve qui peut général… Mais pourquoi donc avoir peur ?
Le vainqueur qui vient héroïquement de sauver son pays ne craint point de demeurer au sein de cette patrie dont il est le libérateur. Bien au contraire ! Il y reste pour jouir de sa victoire et des