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moins ténébreuses, toutes ces spéculations véreuses auxquelles a été associé le nom de M. Chapleau. Il a pu être accusé de manquer d’habileté, d’initiative, de perspicacité, de tact politique. Personne avant Mtre Dansereau n’a jamais songé à mettre en doute son honorabilité.

Quant à M. Ross, il eût pu, en dix autres circonstances cent fois plus favorables, déclarer la guerre à M. Chapleau avec certitude de succès.

Quand M. Chapleau était faible, il l’a servi avec une fidélité et un dévouement sans bornes. Est-il vraisemblable qu’il eût choisi, pour le combattre, le moment où l’ex-Premier ministre était appuyé d’une majorité de quarante voix dans l’Assemblée Législative ? Et dans quel but ? Pour lui arracher le commandement, lorsque M. Ross savait mieux que tout autre que le but des aspirations de M. Chapleau était le cabinet fédéral, qu’il abandonnerait Québec au premier moment et que la succession lui écherrait tout, naturellement !

Est-il vraisemblable que M. Ross eût cédé à une aussi absurde tentation ?


IV


Si MM. de Boucherville et Ross eussent été animés de tels motifs, ils eussent agi comme M. Chapleau. Ils eussent saisi une occasion favorable de faire alliance avec l’ennemi, dans un temps où les spéculations louches et la conduite équivoque du Premier avaient soulevé contre lui, à la fois le mépris des libéraux et les préventions des conservateurs.

De Boucherville, nous dit Dansereau, est un égoïste qui spécule sur le coffre public…, témoin… devinez ! Témoin : le fait qu’il garde son double mandat, touche sa double indemnité et comme sénateur et comme conseiller législatif, et retire ce que la loi lui accorde pour ses frais de voyage ! ! !

Et la conscience méticuleuse qui reproche à M. de Boucherville de toucher, comme tous les autres, l’indemnité que la loi lui accorde, et que bien peu gagnent par une assistance plus assidue et plus consciencieuse, c’est M. Dansereau qui, depuis vingt ans, spécule d’une manière plus que suspecte sur le public ! Dansereau qui, dans l’affaire des Tanneries, est obligé de confesser lui-même, après des résistances qui lui valurent d’être emprisonné, sous la garde du sergent d’armes, qu’il avait induit le gouvernement à livrer à Midlemiss le terrain des Tanneries pour se gagner les faveurs de ce Midlemiss qu’il croyait grand capitaliste et en obtenir des capitaux ; que dans la même affaire, il avait obtenu $50, 000.00 de ce même Midlemiss, sur son simple billet, avouant ainsi avoir employé son influence à faire