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fait systématiquement tout le contraire, ainsi que nous allons l’établir. Et pourtant, M. Senécal était alors employé spécialement par la province pour sauvegarder de si grands intérêts !… Et il recevait, pour ses services, une rémunération supérieure à celle du Juge en Chef de la province !

Tout son temps, toute son habilité, tout son travail appartenaient donc à la province !

Il est vrai que certains rapports des recettes et des dépenses se trouvaient aux livres bleus ; mais tout cela n’était connu que d’un très-petit nombre. D’ailleurs, ces statistiques des livres bleus, faisaient-elles connaître la position du chemin telle qu’elle était réellement à l’époque de la vente ?

Non !

Les livres bleus donnaient-ils à l’acheteur tous les renseignements qu’il avait besoin d’avoir ? Tous ceux qu’il était de l’intérêt de la Province de donner ?

Non !

Par exemple, il y avait alors, au service de cette ligne, un nombre excessif d’employés, puisque, à peine en possession, les nouveaux acquéreurs, savoir : Senécal & Cie, en ont congédié de suite au-delà de cent vingt d’un seul coup !

Or, en supposant à ces employés, seulement un salaire moyen de $1.50 par jour, cela représente de suite une diminution de dépenses de $180.00 par jour, soit $67, 000.00 par année, c’est-à-dire, à-peu-près l’intérêt, calculé à six pour cent, d’un capital de $1, 100, 000.00 ! ! Ce fait, officiellement constaté par l’administration, eut donc induit l’acheteur à payer au moins un million de dollars de plus.

Et cependant, ces renseignements, M. Senécal les garde pour lui seul ! Les avantages obtenus, les raccordements avec les voies de l’Ouest, c’est à son profit personnel que tout cela est acquis ! Les données exactes, les calculs, les renseignements complets, nécessaires pour faire une soumission dans les meilleures conditions, ce sont des secrets gardés à son bénéfice personnel ! ! !

En réalité, il n’y a aucun spécialiste, personne de parfaitement compétent pour préparer cette vente au bénéfice de la Province ! personne pour représenter l’intérêt public ! personne pour défendre ces intérêts contre Senécal lui-même ! contre Senécal armé de toutes pièces, au moyen des documente de l’État ! personne pour débattre avec lui contradictoirement les conditions de cette vente que la Province va lui faire ! Personne ! si ce n’est des incompétente, des employés bâillonnés, ou des complices !

Lui ! chargé spécialement de l’impérieux devoir de représenter l’intérêt public dans cette affaire et de le défendre, on le trouve travaillant dans le mystère, aux dépens de l’État, aidé par les employés de l’État, à ourdir, au moyen des documents de la Province, cette