Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 81 —

ces écarts doivent être attribues bien plus à l’absence de toute étude en matière de philosophie sociale qu’à la perversité ou même à de mauvaises intentions. Avec cela, M. Mousseau est, a toujours été et sera vraisemblablement toujours un instrument docile entre les mains de M. Chapleau. Or, pour la réalisation des projets de ce dernier, pour faire croire à Ottawa que notre province lui est inféodée sans réserve et que le premier de Québec n’est que son humble vassal, il fallait à M. Chapleau un homme comme M. Mousseau.





LA CONCILIATION À M. CHAPLEAU :


qué qu’c’est qu’ça ?


I


Faire de la province de Québec, unie en un seul parti politique, son piédestal pour monter au faîte du pouvoir à Ottawa, ça été, depuis longtemps, le motif déterminant des principaux actes politiques de M. Chapleau.

C’est là le secret de cette fameuse conciliation que, depuis quelques années, M. Chapleau prêche, à temps et à contre-temps, contre les intérêts des principes conservateurs.

Depuis plus de dix ans, le Grand Homme calcule tous les actes de sa vie politique de manière à atteindre le but suprême de son ambition. Être premier de sa province, ce n’était pas assez pour lui ; ce n’était là qu’un échelon pour monter plus haut. Depuis vingt ans qu’il se pose comme l’imitateur en tout de sir John, il s’est dit qu’il était appelé à lui succéder. Or, comment en arriver là ? Il aura pour compétiteurs non seulement les sommités politiques anglaises du parlement fédéral, tels que Tilley, Tuppor, Campbell, Galt, Abbott-McCarthy, Cameron, Fitzpatrick et une foule d’autres, mais encore et surtout son compatriote, sir Hector Langevin, son aîné de vingt ans dans le ministère fédéral : Langevin, déjà proclamé chef il y a dix ans !

Sir Hector est de cette race d’hommes qui durent longtemps. Ça ne meurt pas : et Chapleau ne veut pas attendre !

Que faire donc ? Acquérir bon gré mal gré, per fas et nefas, un titre supérieur à ceux de tout ce monde-là : arriver à Ottawa avec une force supérieure à tous, de manière à dire : « Qu’importe vos titres et vos états de service ! Vous tous, vous commandez à peine à une majorité, chacun dans vos provinces. Eh bien ! Moi ! Je viens avec toute une province ! Seul, lorsque tous : Langevin, Masson, de Boucherville ont échoué, j’ai réalisé l’union, j’ai fait l’unité ! Je suis plus grand que tous ! plus grand même que Cartier. Je suis