Page:Catéchisme du XIXe siècle.djvu/33

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che doit ignorer ce que fait la main droite ?

R. C’est excellent : mais l’amour-propre avant tout, et pour vous encourager à lui céder votre argent, le prêtre vous observera qu’il peut le placer selon les vues de la providence, attendu qu’il connaît parfaitement les bons et les mauvais pauvres de la paroisse.

D. Il me semble que vous m’avez dit qu’il n’y avait que la classe ignorante qui allait à l’église, et maintenant vous ajoutez que des ames charitables portent de l’argent aux prêtres pour faire des aumônes. Ces ames-là ne me paraissent pas appartenir à la classe ignorante ?

R. Je vous ai communiqué aussi que l’éducation des riches, avant 1789, était trempée dans la doctrine sacerdotale, et qu’aujourd’hui même les demoiselles, quelque extraordinaire que soit leur fortune, sont élevées par des dames adonnées aux prêtres. Ces ames charitables peuvent donc avoir de l’or, mais elles ne pourraient se concilier le titre de personnes instruites, car l’instruction qui nous vient des prêtres émousse l’esprit et nous aveugle au lieu de nous éclairer. Il ne sera pas non plus hors de propos de vous représenter que les marquis, les comtes, les barons, les gens nobles en un mot qui connaissent quelquefois ce qu’est le prêtre, ne peuvent trop cependant se résigner à se passer de lui pour engager le paysan à soigner leur bien et à les saluer avec toute la révérence due à leur rang.

D. Le prêtre est donc l’instrument dont les riches se servent pour faire aimer aux paysans leur servitude ?

R. Précisément, et ils s’acquittent de cette charge de manière à ne pas démériter des bonnes grâces des riches, qui en récompense les admettent quotidiennement à leur table.