Page:Catéchisme du XIXe siècle.djvu/8

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D. Si cet échange avait lieu, les prêtres seraient-ils entièrement exclus du soin de l’éducation en France ?

R. Il leur resterait encore ces instituteurs et ces professeurs qui gardent dans leurs écoles la marche de l’école de l’esclavage. Ces instituteurs et ces professeurs sont très-nombreux. Il n’existe pas de commune où le prêtre n’ait le sien. En confession, en chaire, ils le présentent à la confiance du public. Quant à l’instituteur que les prêtres n’ont pu séduire, ils le déchirent et le privent d’avoir assez d’élèves pour alimenter sa chétive existence. D’ailleurs, en supposant même que le Gouvernement et les autorités locales pussent purger la France de ces instituteurs-frères et de ces professeurs à génuflexions, les prêtres conserveraient encore les couvents et maisons d’éducation pour les filles, établissements que les prêtres considèrent comme la colonne de leur religion. Ils ne se trompent pas. La demoiselle qui a passé sa jeunesse avec son paroissien, son formulaire de prières, ses confessions quotidiennes, ses adorations du saint-sacrement, etc., devenue mère au premier jour, transmet à ses enfans ses habitudes d’église, sa dévotion, et brûle de voir quelqu’un d’eux revêtir l’habit ecclésiastique… Que cette fille devenue épouse soit étrangère à tout ce qui peut faire prospérer un ménage, qu’elle regarde son époux comme un objet à charge, cela n’inquiète pas les prêtres. Qu’elle mette toute sa confiance en eux seuls, qu’elle s’ennuie hors de l’église, c’est ce qu’ils veulent. Voilà le résultat qu’offrent les couvents et maisons d’éducation pour les filles, sous la direction de dames de tel ou tel ordre, de tel ou tel nom, dames si bien aveuglées par les prêtres, qu’elles ne respirent que pour la gloire et le bonheur de ces mes-