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Page:Catherine-pozzi-agnes-1927.djvu/31

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ne se soucie pas assez de moi, même pour me perdre à sa suite.

Pour savoir si j’acceptais la religion en vérité, j’ai jugé ne pouvoir faire mieux ni rien de plus simple tout à l’heure, que réciter le symbole des apôtres avec grande attention, en m’épiant moi-même afin de remarquer à quel passage l’adhésion commencerait à vaciller.

Je ne l’avais pas récité depuis deux ans. Je ne prie presque jamais plus, excepté parfois dehors, la nuit, à la campagne, ou à Paris, dans l’heure égarée qui succède aux réceptions du monde, après que tant de phrases mal ajustées à la nature ont laissé le sentiment comme étonné, comme solitaire. Un monologue vers Dieu ressemble alors à ce que j’essaie de vous dire : c’est toujours, s’efforcer d’être avec un autre, contre l’humanité que l’on ne comprend pas.

L’un s’explique, le cœur battant ; le divin Autre se tait sans cesse. Vous l’avez remplacé en un jour, sans que changent les paroles que je lui adressais.

Mais prier ? Ce n’est pas cette fuite vers soi-même ; c’est se quitter pour toujours. Je n’ai jamais prié, je