Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/100

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à l’amour de la véritable patience et à une sincère humilité, qui fait que l’âme se considère comme ayant mérité toutes les peines, sans aucun droit à la récompense, et l’amène ainsi par humilité à satisfaire avec patience comme il a été dit.

Tu me demandes de t’envoyer des peines afin que j’en tire satisfaction pour les offenses qui me sont faites par mes créatures, et aussi de t’accorder la volonté de me connaître et de m’aimer, moi la Vérité souveraine. Si tu veux parvenir à la connaissance parfaite, si tu veux me goûter, moi la Vérité éternelle, voici la voie : Ne sors jamais de la connaissance de toi-même et demeure abaissée dans la vallée de l’humilité. Tu me connais moi-même en toi, et de cette connaissance tu tireras tout le nécessaire.

Aucune vertu, ma fille, ne peut avoir la vie en soi, sinon par la charité, et par l’humilité qui est la mère nourricière de la charité. La connaissance de toi-même t’inspirera l’humilité, en te découvrant que par toi-même tu n’es pas, et que l’être tu le tiens de moi qui t’aimais, toi et les autres, avant que vous ne fussiez. C’est cet amour ineffable que j’eus pour vous qui, voulant vous créer à nouveau en grâce, me fit vous laver et régénérer dans le sang de mon Fils unique, répandu avec un si grand feu d’amour. C’est ce sang qui enseigne la Vérité à celui qui a dissipé la nuée de l’amour-propre par la connaissance de soi-même. Point d’autre moyen de la connaître.

L’âme s’embrase dans cette connaissance de moi-même d’un amour ineffable. Cet amour la tient