Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/102

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connaissance et à la contrition de leurs péchés. Ainsi, par le moyen de l’oraison et du désir de mes serviteurs, ils recevront, s’ils sont humbles, un fruit de grâce, et plus ou moins abondant, suivant que leur volonté sera disposée à tirer profit de la grâce qui leur est offerte. Oui, par vos désirs ils recevront le pardon, à moins que cependant, si grandes que soit leur obstination qu’ils veuillent être rejetés par moi, à cause de leur désespoir, qui est un outrage au sang qui les a rachetés avec tant de douceur.

Quel fruit reçoivent-ils donc ceux-là ? — Quel fruit ? c’est que je les attends, arrêté par la prière de mes serviteurs, c’est que je leur donne la lumière, que je réveille en eux le chien de garde de la conscience, que je leur fais respirer l’odeur de la vertu, et sentir la joie que l’on trouve dans la société de mes serviteurs.

Quelquefois je permets que le monde se découvre à eux tel qu’il est, en les laissant éprouver l’inconstance et la mobilité de ses passions ; afin qu’après avoir expérimenté le peu de fond qu’il faut faire sur le monde, ils en arrivent à porter plus haut leur désir et à chercher leur patrie de vie éternelle. C’est par ces moyens et mille autres que je les ramène. L’œil ne saurait voir, la langue raconter, ni le cœur imaginer quels sont les voies et les moyens que j’emploie, uniquement par amour, pour leur faire recouvrer la grâce, afin que ma vérité soit accomplie en eux. C’est la charité inestimable qui m’a fait les créer, qui me pousse à en agir ainsi avec eux ; mais c’est aussi l’amour et le désir, et la