Aller au contenu

Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

procéder de la dilection que l’on a pour lui pour l’amour de moi.

Pareillement peut-on dire qu’il n’est point de vice qui n’atteigne le prochain ; car si l’on ne m’aime pas, l’on ne saurait être dans la charité qu’on lui doit. Tous les maux proviennent de ce que l’âme est privée de la charité en vers moi et envers le prochain. Ne pouvant plus faire le bien, il s’ensuit que l’on fait le mal. Et contre qui fait-on ainsi le mal ? Contre soi-même d’abord et puis contre le prochain. Ce n’est pas à moi que l’on fait du tort, car le mal ne saurait m’atteindre, sinon en tant que je considère comme fait à moi-même ce qui est fait au prochain.

L’on se fait du tort à soi-même, par la faute qui fait perdre la grâce, et il n’est pas de mal plus grand que celui-là. On fait du tort au prochain en ne lui donnant point ce qu’on lui doit de dilection et d’amour, comme aussi de l’assistance qu’il a droit en vertu de cet amour même, par la prière et le saint désir, qu’on m’offre pour lui.

C’est là le service général auquel on est tenu envers toute créature douée de raison. Mais il est un secours particulier que vous devez à ceux qui sont plus près de vous et qui vivent sous vos yeux. Dans ces conditions, vous êtes tenus de vous entr’aider les uns les autres, par la parole, par la doctrine, par l’exemple des bonnes œuvres, dans toutes les circonstances où vous voyez le prochain en détresse, conseillant avec désintéressement, comme s’il s’agissait de vous-même, et sans