Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/110

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aucune passion d’amour-propre. Celui qui n’a pas l’amour du prochain n’en usera pas ainsi en vers lui, mais en s’abstenant, il lui porte préjudice d’autant.

Non seulement il lèse le prochain en le frustrant du bien qu’il pourrait lui faire, il lui cause encore un dommage et un mal continuels. Voici comment. Le péché est ou intérieur, ou extérieur, en pensée ou en action. Le péché de pensée est commis, dès que l’homme a conçu de la complaisance pour la faute et de l’aversion pour la vertu, dès qu’il s’est abandonné à l’amour-propre sensuel qui lui fait perdre l’amour de charité qu’il doit avoir pour moi et pour son prochain, comme il a été dit. Cette conception criminelle enfante mille conséquences fâcheuses aux dépens du prochain, suivant les caprices et la perversité de la volonté sensitive. Parfois c’est une cruauté qu’elle produit soit en particulier, soit en général. N’est-ce pas une cruauté du pécheur envers tout le monde que de savoir lui ou les autres créatures en danger de mort et de damnation, par la privation de la grâce, et d’être assez insensible pour ne pas secourir les autres ou lui-même par l’amour de la vertu et la haine du vice ?

Mais sa cruauté s’étend plus loin par ses propres œuvres. Il ne se contente pas de ne pas donner l’exemple de la vertu ; sa malice le porte