Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/115

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pour que vous exerciez et expérimentiez la vertu qui est en vous. Ne pouvant tirer moi-même profit de vos services, c’est en faveur du prochain que vous les devez employer. Ce sera la preuve que vous me possédez dans vos âmes par la grâce, si vous le faites bénéficier de nombreuses et saintes oraisons, avec un doux et amoureux désir de mon honneur et du salut des âmes. L’âme amoureuse de ma Vérité ne cesse jamais de se rendre utile à tout le monde, tant en général qu’en particulier, peu ou beaucoup, selon la disposition de celui qui reçoit et selon l’ardent désir de celui qui donne, ainsi que je l’ai expliqué plus haut quand j’ai déclaré que la peine toute seule, séparée du désir, était insuffisante à expie la faute.

Après que l’âme a éprouvé pour elle-même les bienheureux effets de cet amour d’union qui l’attache à moi et par lequel elle s’aime elle-même en moi, elle étend son affection au salut du monde entier, en subvenant à ses nécessités : après s’être fait du bien à elle-même à concevoir la vertu d’où elle a tiré la vie de la grâce, elle applique désormais son zèle et son attention aux besoins du prochain en particulier.

Et donc, après avoir témoigné à toute créature douée de raison l’affection de charité, comme il a été dit, elle vient en aide à ceux qui sont près d’elle, suivant les grâces diverses que je lui ai départies pour le service d’autrui. Celui-ci sert le prochain par la doctrine, c’est-à-dire par la parole, prodiguant ses conseils sans regarder à ses