Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/114

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et la haine de sa propre passion sensuelle, en constatant cette loi perverse imprimée dans ses membres et qui est toujours en révolte contre l’Esprit. Elle se dresse alors avec haine et aversion contre la sensualité ; elle met son zèle à la soumettre à la raison. De plus, elle a éprouvé en elle-même la grandeur de ma bonté par tous les dons qu’elle a reçu de moi ; tous ces bienfaits qu’elle trouve en elle, cette connaissance qu’elle a acquise de soi-même, son humilité m’en fait honneur, sachant bien que c’est ma grâce qui l’a retirée des ténèbres et ramenée à la lumière de la vraie science. Ma bonté une fois reconnue, elle l’aime sans intermédiaire tiré d’elle-même ou de sa propre utilité, mais elle l’aime par le moyen de la vertu qu’elle a conçue par amour pour moi, parce qu’elle voit qu’elle ne saurait m’être agréable sans concevoir la haine du péché et l’amour des vertus. Dès qu’elle a conçu la vertu par affection d’amour, la vertu produit des fruits au bénéfice du prochain : autrement, il ne serait pas vrai qu’elle l’eût conçue en elle-même ; mais comme elle m’aime en vérité, en vérité aussi elle fait bénéficier le prochain de cet amour. Et il n’en peut être autrement, puisque l’amour que l’on a pour moi et pour le prochain est une seule et même chose : autant l’âme m’aime, autant aime-t-elle son prochain, car c’est de moi-même que vient l’amour qu’elle a pour lui.

Tel est le moyen que je vous ai imposé,