Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/128

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à l’âme, qui toutes sont actives et opèrent de dignes fruits de grâce. Toute œuvre découlant d’un autre principe que celui-là, je l’estime simple clameur verbale, parce qu’elle n’est rien qu’un chose finie. Et moi qui suis infini, je suis en quête d’œuvres infinies, c’est-à-dire d’un sentiment infini d’amour. Je demande donc que les œuvres de la pénitence et autres exercices corporels soient employés à titre de moyens, et qu’ils n’occupent pas dans l’affection la place principale. Si c’est là ce qu’on aime par-dessus tout, l’on ne m’offre plus que des œuvres finies. Il en sera comme de la parole qui n’est plus rien dès qu’elle est sortie de la bouche, si elle ne procède pas de l’affection intérieure de l’âme. C’est l’âme qui conçoit et engendre la vertu dans la vérité, et c’est par cette vertu intérieure que l’œuvre finie est unie au sentiment de la charité. Dès lors elle aura mon agrément et mes complaisances ; car elle n’est plus isolée, elle est accompagnée de la discrétion qui fait que l’âme accomplit ces actes corporels comme moyens et non comme but principal.

On ne doit donc pas mettre sa fin dans la pénitence ou tout autre acte extérieur, qui, je te l’ai déjà dit, sont des œuvres finies, parce que réalisées dans un temps fini et parce que, parfois même, il est sage que la créature les délaisse et qu’on lui fasse un devoir de ne plus s’y adonner. Tantôt l’âme les abandonne à cause d’une nécessité qui survient et l’empêche d’achever l’acte commencé, tantôt elle y renonce par obéissance sur l’ordre de son supérieur, et,