Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/129

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dès lors, en continuant à s’y livrer, non seulement elle ne mériterait pas, mais elle pécherait : d’où il ressort que ce sont là des œuvres finies. Elles sont donc un moyen, non le principe. En s’y attachant comme au principal, l’âme se trouverait vide, dès qu’elle serait dans la nécessité d’y renoncer pour quelque temps. C’est ce que démontre le glorieux Paul, mon héraut, quand il dit dans une épître (Col 3, 1-6 citation libre ; Rm 6, 9) : Mortifiez le corps et tuez la volonté propre, c’est-à-dire tenez le corps en bride en macérant la chair, quand elle veut se révolter contre l’esprit ; mais la volonté, il la faut faire mourir tout à fait, la renoncer et la soumettre à ma volonté. C’est la vertu de discrétion qui tue ainsi votre volonté, en rendant à l’âme ce qu’elle lui doit, ainsi que je l’ai dit, en lui inspirant cette haine et ce mépris du péché et de la sensualité, que l’on acquiert par la connaissance de soi-même.

Voilà le glaive qui tue et met en pièces l’amour-propre fondé sur la volonté personnelle. Ceux qui en agissent ainsi ne m’offrent pas seulement des paroles, mais beaucoup d’œuvres dans lesquelles je trouve mes délices. Voilà pourquoi j’ai dit que je demandais peu de paroles et beaucoup d’actes. En te disant beaucoup, je n’en fixe pas le nombre, parce que le sentiment de l’âme fondé sur la charité qui donne vie à toutes les vertus et bonnes œuvres doit multiplier à l’infini. Je n’ai pas pour autant