Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/135

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manière vous me devez faire le sacrifice de vous-mêmes : sacrifice intérieur et extérieur tout à la fois, unis ensemble, comme la coupe et l’eau que l’on offre au maître. L’on ne pourrait présenter l’eau sans la coupe, et le maître ne saurait avoir pour agréable qu’on lui présentât la coupe sans l’eau. Ainsi, vous dis-je, devez-vous m’offrir la coupe de vos nombreuses peines extérieures, de quelque manière que je vous les envoie, sans choisir ni le temps, ni le lieu, ni la mesure qui vous conviennent, mais en les acceptant comme je vous les donne. Cette coupe doit être pleine, et elle sera remplie, si vous recevez toutes ces épreuves par sentiment d’amour, si vous supportez tous les défauts de votre prochain, avec une véritable patience, accompagnée de la haine et détestation du péché. Ces peines sont ainsi comme une coupe remplie de l’eau de ma grâce qui donne à l’âme la vie, et dès lors j’agrée ce présent de mes chères épouses, c’est-à-dire de toute âme qui me sert bien : j’accueille leurs angoisses, leurs désirs, leurs larmes, leurs humbles soupirs et leurs continuelles oraisons ; toutes choses qui sont un moyen d’obtenir que, par amour, j’apaise ma colère contre mes ennemis, et contre les hommes d’iniquité, qui m’offensent si gravement.

Souffrez ainsi virilement, jusqu’à la mort : ce sera pour moi le signe que vous m’aimez. N’allez pas regarder en arrière en tournant le dos à la charrue, par crainte des créatures ou des tribulations : c’est dans les tribulations que vous devez vous réjouir. Le monde prend plaisir à vous faire