Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/141

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sagesse de votre Fils unique. Enfin vous lui avez donné la volonté pour qu’il pût aimer ce que l’intelligence voit et connaît de votre Vérité, et participer par là même à l’amour de l’Esprit-Saint.

Quelle raison vous a fait constituer en si grande dignité ? L’amour inestimable par lequel vous avez regardé en vous-même votre créature, et vous êtes épris d’elle ; car c’est par amour que vous l’avez créée, c’est par amour que vous lui avez donné un être capable de goûter votre Bien éternel.

Je vois bien que le péché qu’il a commis a fait perdre à l’homme la dignité dans laquelle vous l’aviez établi. Par sa révolte, il s’est mis en guerre contre votre clémence, il s’est fait votre ennemi. Mais, par le même amour qui vous avait porté à le créer, vous avez voulu offrir un moyen de réconciliation à l’âme entraînée dans la grande guerre, afin qu’après la grande guerre, fût faite la grande paix. C’est alors que vous lui donnâtes le Verbe, votre Fils unique, qui fut le Médiateur entre vous et nous. Il fut notre justice, parce qu’il se chargea de nos offenses et de nos injustices, et accomplit, ô Père éternel, l’obéissance que vous lui aviez imposée, quand il revêtit notre humanité et prit ainsi notre image. O abîme de charité ! Quel cœur n’éclaterait à contempler la grandeur descendue à tant de bassesse, jusqu’à notre humanité ! Nous sommes votre image et vous êtes devenu notre image par l’union que vous avez contractée avec l’homme en voilant la Divinité éternelle sous la nuée misérable de la chair corrompue d’Adam. Quelle en fut la