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CHAPITRE XIV

(15)

Comment la faute est plus gravement punie depuis la passion du Christ qu’elle ne l’était auparavant, et comment Dieu promet de faire miséricorde au monde et à la sainte Église moyennant la prière et la souffrance de ses serviteurs.

Je veux que tu le saches, ma fille, après avoir été régénérés dans le sang de mon Fils unique, et après avoir reçu la grâce qui a restauré la race humaine, les hommes n’en méconnaissent pas moins la faveur que je leur ai faite. Ils vont toujours de mal en pis, et de faute en faute, ils me poursuivent sans cesse de leurs injures sans tenir aucun compte des dons que je leur ai faits et que je continue à leur faire. Non seulement ils ne les considèrent pas comme une grâce, mais ils semblent y voir parfois une injustice de ma part, ni plus ni moins, comme si je voulais autre chose que leur sanctification. Eh bien ! je te le dis, ils deviendront plus endurcis, et ils seront dignes d’un plus grand châtiment, maintenant qu’ils ont reçu la rédemption du sang de mon Fils, qu’ils ne l’eussent été avant la rédemption, alors que n’avait pas été effacée la souillure du péché d’Adam. Il est raisonnable que celui qui a reçu davantage rende davantage, et que l’on soit plus obligé à celui dont on a plus reçu.