Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/151

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ne consume jamais, c’est-à-dire qu’il est plus torturé, et dans cette torture il se sent dévoré par le ver de la conscience. Ce feu néanmoins ne consume pas, parce que les damnés, quel que soit le tourment qu’ils endurent, ne perdent jamais leur être. Je te le dis, ils demandent la mort, mais ils ne peuvent l’obtenir, parce qu’ils ne peuvent perdre l’être. Ils perdent bien l’être de la grâce par leur péché, mais l’être naturel, jamais.

Le péché est donc plus puni depuis la Rédemption du Sang qu’il ne l’était auparavant, parce que les hommes ont plus reçu. Il ne semble pas qu’ils s’en aperçoivent et qu’ils aient conscience de leurs propres maux : ils se sont faits mes ennemis, à Moi qui les avais réconciliés par le Sang de mon Fils !

Mais il y a un remède pour apaiser ma colère, ce sont mes serviteurs, s’ils ont assez de zèle pour me faire violence par leurs larmes et m’enchaîner dans les liens de leur désir. Tu vois dans quels liens tu m’as enchaîné ; mais ce lien c’est moi-même qui te l’ai donné parce que je voulais faire miséricorde au monde. Oui, cette faim et ce désir de mon honneur et du salut des âmes, c’est moi qui les inspire à mes serviteurs, pour que, vaincu par leurs larmes, j’en arrive à apaiser la fureur de ma justice divine. Prends tes sueurs, prends tes larmes, puise-les à la source de ma divine charité, et avec elles en union à mes autres serviteurs, lave la face de mon épouse. Je te promets que ce remède lui rendra sa beauté. Ce n’est ni le glaive, ni la guerre, ni la violence qui lui rendrait sa beauté, mais la paix,