Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/195

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secoure moi-même. Il est bien vrai que ce mort a conservé encore son libre arbitre, et que, tant qu’il demeure en son corps mortel, chaque fois qu’il demande mon aide, il le peut obtenir ; mais il ne pourra jamais rien par lui-même. Il est devenu insupportable à lui-même, et en voulant dominer le monde, il a été dominé par cette chose qui n’est pas, par le péché. Le péché est un non être, et ils sont devenus serviteurs et esclaves du péché. J’avais fait d’eux des arbres d’amour par la vie de la grâce qu’ils reçurent au saint Baptême, et ils sont devenus des arbres de mort, parce qu’ils sont morts comme je te l’ai dit plus haut.

Sais-tu où pousse le racine de cet arbre ? Dans l’élévation de la superbe que nourrit l’amour égoïste de la propre sensualité. Sa moëlle est l’impatience, la fuite de toute souffrance, et il a un rejeton, qui est l’aveuglement. Tels sont les quatre vices qui tuent l’âme de celui que j’ai appelé un arbre de mort, parce quc’il ne puise pas la vie dans la grâce. A l’intérieur de l’arbre se nourrit le ver de la conscience, mais l’homme le sent peu, tant qu’il vit en péché mortel, aveuglé qu’il est par l’amour-propre. Les fruits de cet arbre sont des fruits de mort, parce qu’ils ont tiré leur sève de la racine de la superbe, et la pauvre âme pleine d’ingratitude. C’est de là que vient tout le mal. Si elle