Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/207

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Nul ne peut dire : Je n’ai trouvé personne qui me reprenne, car à tous j’ai manifesté la Vérité ; à tous, j’ai appris où est la vertu, où est le vice. Je leur ai fait voir le fruit de la vertu, et les effets pernicieux du vice, pour leur inspirer un amour saint, une sainte crainte, l’amour de la vertu et la haine du vice. Et ce n’est paspar un ange que je leur ai enseigné cette doctrine de Vérité. Ils auraient pu dire : L’Ange est un esprit bienheureux, il ne peut pécher, il ne sent pas comme nous l’aiguillon de la chair, il n’est pas alourdi comme nous par le fardeau d’un corps. Non, je ne leur ai pas laissé cette excuse. Cette doctrine leur a été donnée par ma Vérité, par mon Verbe incarné dans votre chair mortelle. Qui suit donc ces autres qui ont suivi ce Verbe ? Des créatures mortelles comme vous, passibles comme vous, éprouvant en elles, comme vous, la lutte de la chair contre l’esprit ? C’est Paul, mon héraut, et c’est la multitude de mes saints, qui tous, pour une chose ou pour une autre, ont été des passionnés.

Les passions, je les permettais et je les permets toujours, pour l’accroissement de la grâce et le progrès de la vertu dans les âmes. Ainsi donc, les saints sont nés du péché comme vous, ils ont été nourris de la même nourriture que vous, et Moi, aujourd’hui comme alors, ne suis-je pas le même Dieu ? Ma puissance n’a pas diminué et ne saurait défaillir. Toujours, je puis, je veux, je sais secourir qui fait appel à mon assistance. Alors vraiment l’homme demande mon secours, quand il se dégage