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CHAPITRE VIII

(38)

Des quatre principaux tourments des damnés d’où viennent tous les autres, et en particulier de la laideur du démon.

Ma Fille, ta langue est impuissante à dire la peine qu’endurent ces âmes dégradées. Il y a, tu le sais, trois vices principaux ; le premier est l’amour-propre, d’où procède le second, l’estime de soi-même, qui à son tour enfante le troisième qui est l’orgueil, avec l’injustice, la cruauté, et tous les autres péchés iniques et grossiers qui en dérivent.

Il y a aussi dans l’enfer quatre supplices principaux, d’où découlent tous les autres tourments. Le premier, c’est que les damnés sont privés de ma vision. Ce leur est une si grande peine que — s’il leur était possible — ils choisiraient d’endurer le feu, les tortures et les tourments en jouissance de ma vue, plutôt que d’être délivrés de leurs souffrances sans me voir.

Cette peine est encore aggravée par la seconde, celle du ver de la conscience qui les ronge sans cesse, et sans cesse leur fait entendre que c’est par leur faute, qu’ils sont privés de ma vue et de la société des anges et qu’ils ont mérité d’être placés