Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/213

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dans la compagnie des démons pour se repaître de leur vision.

Cette vue du démon, qui est la troisième peine, redouble toutes leurs souffrances. Dans la vision qu’ils ont de moi, les saints sont toujours en exultation et renouvellent incessamment, par leur allégresse, la récompense de leurs travaux, supportés pour moi avec une si grande abondance d’amour et un si grand mépris s’eux-mêmes. Tout au contraire, ces malheureux sentent leurs tourments toujours renouvelés par la vue du démon. Car en le voyant, ils se connaissent mieux eux-mêmes et comprennent mieux que c’est par leur faute qu’ils ont mérité ces châtiments. Alors, le ver de la conscience les ronge davantage et les brûle comme un feu qui ne s’éteint jamais. Ce qui fait encore leur peine plus grande, c’est qu’ils le voient dans sa propre figure, qui est si horrible qu’il n’est pas un cœur d’homme qui la puisse imaginer.

Tu dois te souvenir que je te l’ai fait voir un tout petit instant, tel qu’il est dans sa propre forme, et, une fois revenue à toi, tu aurais préféré marcher dans un chemin de feu jusqu’au dernier jour du jugement plutôt que de le revoir encore. Malgré tout ce que tu as pu en apercevoir, tu ne sais pas complètement à quel point il est affreux ; car, par divine justice, il se découvre plus horrible encore à l’âme qui est séparée de moi, et plus ou moins suivant la gravité des fautes de chacun.

Le quatrième tourment qu’endurent les damnés est le feu. Ce feu brûle et ne consume pas. L’être