Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/222

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j’exauce leur désir : alors que, dans votre ignorance, vous résistez à ma miséricorde. Ils désirent aussi posséder à nouveau leur corps. Bien qu’ils ne le possèdent point actuellement, ils n’en éprouvent aucune affliction : ils en jouissent à l’avance, par la certitude qu’ils ont de l’obtenir un jour. Le fait de ne point l’avoir présentement, ne leur cause donc aucune tristesse, il ne diminue en rien leur béatitude, ils n’en ressentent aucune peine.

Ne crois pas que la glorification du corps après la résurrection, accroisse la béatitude de l’âme. Il s’en suivrait que tant qu’elle demeure séparée de son corps, l’âme ne jouit que d’un bonheur imparfait. Or cela ne peut être, car rien ne manque à sa perfection. Ce n’est pas le corps qui fait l’âme bienheureuse, c’est l’âme qui fait participer le corps à sa béatitude. C’est elle qui l’enrichira de sa propre abondance, lorsqu’au dernier jour, elle se revêtira de sa propre chair qu’elle avait laissée comme une dépouille.

Comme l’âme est immortelle, comme elle a été établie et fixée en moi, le corps, par cette union avec elle, devient immortel, il perd sa pesanteur, pour devenir subtil et léger. Le corps gorifié, sache-le bien, passerait à travers un mur : ni le feu ni l’eau ont sur lui de prise. Ce n’est pas là une vertu propre au corps, mais une vertu de l’âme, qui est un privilège de grâce, à elle accordé par l’amour ineffable qui me l’a fait créer à mon image et ressemblance. Le regard de ton intelligence, ne saurait contempler,