Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la pensée du savant et pieux Prêcheur. Ce qu’il entend affirmer principalement, c’est que toute sa doctrine, notre sainte la reçue du Verbe divin et qu’elle n’a point eu d’autre maître pour devenir elle-même la Lumière des docteurs. Mais ce détail, cet accident, n’en est pas moins une méprise assez grave et qui atténue dans une mesure très appréciable le caractère divin et les garanties de la doctrine exposée dans ce Livre. Par cette méthode de composition, Catherine nous aurait transmis, au sortir de son ravissement, ce que sa mémoire avait conservé de ses colloques avec le Seigneur. Elle se fut trouvée par là même, pour sa rédaction, en des conditions psychologiques inférieures à celles où elle se trouvait pour concevoir sa doctrine.

Cependant tous les témoignages primitifs sont concordants pour nous dire que ce n’est point par l’intermédiaire de la mémoire, par le canal du souvenir, que cette eau vive est venue jusqu’à nous ; elle a été captée à sa source divine et dans l’acte même de son premier jaillissement. C’est en pleine extase, nous assure Raymond de Capoue, son confesseur privilégié et son premier historien, qu’elle dicta son Livre : « Les secrétaires de la sainte eux-mêmes lui ont affirmé qu’elle n’avait rien dicté de tout cela pendant qu’elle jouissait de l’usage de ses sens, mais seulement quand, ravie hors d’elle-même, elle parlait avec son Époux ». Aussi estime-t-il que ce livre a été composé évidemment par l’Esprit Saint lui-même « qui le dicta par la bouche de Catherine[1] », « qui avait prié ses secrétaires de se tenir prêts à écrire dès qu’ils la verraient entrer en extase[2] ».

« Ce qu’il y a de singulier et de merveilleux dans cette dictée, ajoute-t-il encore, c’est qu’elle fut faite dans

  1. Légende, 1er Prologue.
  2. Légende, IIIe partie, c. I.