Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/22

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sages, et s’en allaient doux comme des agneaux après être venus à elle fiers comme des lions et menaçants comme des loups[1]. » Combien alors se mettaient à son école en la suppliant non seulement d’éclairer et de nourrir leur pensée, mais encore et surtout de régler leur vie.

Ce caractère de sa science est surtout manifeste dans ce Livre qu’elle dicta elle-même, alors que son esprit ravi en Dieu, se mirait, suivant son expression, dans la Vérité éternelle et s’alimentait à ce foyer de toute lumière.

Dans l’Avertissement au lecteur qu’il a placé en tête de sa traduction française[2], le P. Louis Chardon, tout en appelant le Dialogue « un ouvrage de Dieu vivant inspiré à sainte Catherine de Sienne » relate cependant « qu’elle l’a dicté en sortant de ses extases ». Deux fois il produit cette affirmation. Il reconnaît « l’infusion surnaturelle des lumières divines » qui font l’entretien délicieux où l’intelligence, « en peu de temps, comprend plus de vérités qu’elle en saurait apprendre en plusieurs années d’études ». C’est « dans les colloques de cette nature que sainte Catherine a étudié toutes les leçons ravissantes du Père » ; mais, ajoute-t-il encore : « Elle les prononçait verbalement en sortant de ses extases[3]. »

Il est manifeste que ce détail n’est qu’un accident de

  1. Bulle Misericordias Domini 28 juin 1461.
  2. La Doctrine de Dieu enseignée à Sainte Catherine de Sienne de l’Ordre de Saint-Dominique, en forme de dialogue. Donné au public en nostre langue par le R. P. F. Louis Chardon, prédicateur du couvent du mesme ordre en la rue neuve Saint-Honoré. À Paris, chez Sébastien Hure, rue Saint-Jacques, au Cœur-Bon. MDCXLVIII. Avec privilège du Roy et approbation des Docteurs.
  3. Advertissement au lecteur, 1-5.