Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/232

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il ne veut que vous la faire perdre ; mais cela il ne le peut, si vous ne le voulez pas. Quelle étrange nature que l’homme, qui se fait lui-même débile, quand moi-même je l’avais fait si fort, et qui se livre ainsi aux mains des démons !

Aussi, je veux que tu saches ce qui arrive, au moment de la mort, à ceux qui se sont mis pendant leur vie sous la domination du démon. Ce n’est pas par contrainte, car nul ne les y peut forcer, comme je te l’ai dit, c’est volontairement qu’ils se sont livrés entre ses mains et qu’ils ont porté jusqu’aux approches de la mort, le joug honteux de cet esclavage. A ces derniers instants ils n’ont pas besoin d’un jugement étranger, leur conscience est à eux-mêmes leur propre juge, et c’est en désespérés qu’ils se jettent dans l’éternelle damnation. Aux portes de la mort, ils se cramponnent à l’enfer par la haine, avant même d’y pénétrer.

Il en va de même pour les justes qui ont vécu dans la charité et meurent dans l’amour. Quand ils arrivent au terme de la vie, s’ils ont bien vécu dans la vertu, éclairés par les lumières de la foi, et soutenus par l’espérance absolue dans le sang de l’Agneau, ils voient le bonheur que je leur ai préparé ; ils l’étreignent avec les bras de leur amour, m’embrassant étroitement et amoureusement, Moi le Bien souverain et éternel, en cette extrémité de la mort. Ils goûtent ainsi à la vie éternelle, avant qu’ils aient abandonné leur dépouille mortelle, avant que l’âme soit séparée du corps.

Pour d’autres qui ont passé leur vie et arrivent à