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Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/239

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Sais-tu en quoi consiste principalement la béatitude des bienheureux ? C’est d’avoir leur volonté toute remplie de ce qu’ils désirent. C’est Moi qu’ils désirent ; mais en même temps qu’ils me désirent, ils me possèdent, ils me goûtent sans aucun pbstacle, délivrés qu’ils sont du poids du corps dont la loi conspirait contre l’esprit. Le corps était un intermédiaire qui ne leur permettait pas de connaître parfaitement la vérité ; emprisonnés dans le corps, ils ne pouvaient me voir face à face. Mais depuis que l’âme n’est plus arrêtée par ce poids du corps, sa volonté pleinement satisfaite : elle désire me voir, elle me voit, et dans cette vision consiste la béatitude. En voyant, elle connaît ; en connaissant, elle aime ; en aimant, elle me goûte, Moi, le Dieu souverain et éternel ; en me goûtant, elle fait et accomplit sa volonté, elle satisfait le désir qu’elle avait de me voir et de me connaître. Et donc, tout à la fois elle désire et elle possède, elle possède et elle désire. Par là même, comme je te l’ai dit, ce désir est exempt de toute peine, cette possession ne connaît pas le dégoût de la satiété.

Ainsi, tu le vois, la béatitude de mes serviteurs consiste principalement à voir et à connaître. C’est par cette vision, par cette connaissance que la volonté est satisfaite. L’âme voit celui qu’elle désirait voir, elle est donc par là rassasiée. Jouir de la vie éternelle, t’ai-je dit, c’est avant tout posséder ce que la volonté désire ; sache maintenant que cette vie éternelle, c’est de me voir, Moi, de me connaître, Moi. Ils ont dès cette vie un avant-goût