Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/240

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de la vie éternelle, si dès cette vie ils goûtent au bien même dont ils seront un jour rassasiés.

Mais en quoi consiste, dans la vie présente, cet avant-goût de la vie éternelle ? Je te réponds : dans la vision de ma Bonté en eux-mêmes, et dans la connaissance de ma Vérité, connaissance qui est dans l’intelligence, cet œil de l’âme éclairée par moi. La pupille de cet œil, c’est la très sainte Foi, dont la lumière fait discerner, connaître et suivre la voie et la doctrine de ma Vérité, le Verbe incarné. Sans cette pupille de la Foi, l’âme ne saurait voir. Elle ressemblerait à un homme qui aurait bien des yeux, mais dont la pupille, par laquelle l’œil voit, serait recouverte d’un voile. L’intelligence est l’œil de l’âme, et la pupille de cet œil c’est la Foi. Si l’amour égoïste la recouvre du bandeau de l’inidélité, c’en est fait, elle ne voit plus : elle a bien une forme d’œil, elle n’a plus la lumière dont elle s’est elle-même privée.

Tu comprends ainsi que mes serviteurs, en me voyant, me connaissent, qu’en me connaissant ils m’aiment, qu’en m’aimant ils anéantissent et perdent leur volonté propre. En se dépouillant de leur volonté ils se revêtent de la mienne, et moi je ne veux rien d’autre que votre sanctification.

Par le fait, ils se détournent aussitôt du chemin d’en bas, pour prendre plus haut, par le pont, et ils ne reculent plus devant les épines ; car leurs pieds, comme soulevés par l’amour de ma volonté, n’en éprouvent aucun dommage. S’ils souffrent comme je te l’ai dit, c’est du corps, non de l’esprit,