Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/244

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l’âge de la raison, alors qu’ils doivent mettre à profit les lumières de la foi pour enfanter dans la grâce des œuvres de vie, ne produisent que des œuvres de mort. Oui elles sont mortes leurs œuvres, parce que toutes accomplies dans le péché mortel, en dehors de la lumière de la foi. Ils ont bien la forme du saint baptême, mais ils n’en ont plus la lumière : ils en sont privés par cette ténèbre de la faute commise par l’amour-propre, qui a recouvert la pupille qui les faisait voir. Aussi dit-on de ceux qui ont la foi sans les œuvres, que leur foi est morte. Et de même qu’un mort ne voit pas, de même l’œil de l’intelligence, dont la pupille a été recouverte comme je t’ai dit, ne voit plus, ne se connaît plus soi-même, au milieu des fautes commises. Il ne conaît plus en lui-même ma Bonté qui lui a donné l’être, et toutes les grâces dont je l’ai comblé par surcroît. Ne me connaissant pas, et ne se connaissant pas lui-même, il ne hait pas en lui la sensualité égoïste, bien plus il l’aime, il s’emploie à satisfaire ses désirs, et il met ainsi au monde tous les enfants mort-nés qui sont les péchés mortels. Pour moi, il ne m’aime pas ; ne m’aimant pas, il n’aime pas celui que j’aime, je veux dire son prochain, et ne met point sa joie à accomplir ce qui me plaît.

Telles sont les vraies et réelles Vertus que je me plais à voir en vous, et non pour mon utilité, car je ne puis profiter de rien. Je suis Celui sans lequel rien n’a été fait, sinon le péché, qui n’est pas quelque chose, et qui en privant l’âme de la grâce, la prive de moi, le Bien absolu. Ce n’est donc