Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que pour votre utilité à vous, que les bonnes œuvres me sont agréables parce que par elles j’ai quelque chose à récompenser, en Moi qui suis la vie sans fin.

Chez ceux-là au contraire, tu le vois bien, la foi est morte parce qu’elle est sans les œuvres. Les œuvres qu’ils font, n’ont point de valeur pour la vie éternelle, parce qu’ils ne possèdent pas la vie de la grâce. Avec la grâce ou sans la grâce, on ne doit pas néanmoins cesser de faire le bien, parce que tout bien est récompensé, comme toute faute est punie. Le bien accompli en grâce et sans péché mortel obtient la vie éternelle ; et le bien que l’on fait sans la grâce ne laisse pas que d’être récompensé, de diverses manières, comme je te l’ai expliqué.

Parfois je leur accorde, à ces malheureux, le temps de se reconnaître, ou j’inspire pour eux, à mes serviteurs, de continuelles prières, qui les retirent du péché et les sauvent de leurs misères. D’autres fois ce n’est pas le temps qu’ils reçoivent, ni la prière dont je dispose en leur faveur. Je les récompense en biens temporels, les traitant comme l’animal que l’on engraisse pour le mener à la boucherie. Ces créatures, qui toujours et de mille manières ont résisté à ma Bonté, font cependant quelque bien, sans être en état de grâce, et malgré leur état de péché. Ils n’ont pas voulu, dans cette œuvre qui est leur, profiter du temps, ni des prières, ni des autres moyens par lesquels je les ai appelés. Cependant bien que réprouvés par moi, à cause de leurs fautes, ma bonté ne veut pas laisser cette œuvre sans rémunération. Ce peu de service qu’ils