Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/248

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aurait la pleine propriété, ainsi que ma Bonté les met à votre disposition pour votre propre usage. Vous ne les avez qu’autant que je vous les donne, vous ne les conservez qu’autant que je ne vous les laisse je ne vous les donne qu’autant que je le juge utile à votre salut. C’est donc ainsi que vous en devez user.

En en usant de la sorte, l’homme observe les commandements en m’aimant par-dessus toute chose, et le prochain comme lui-même. Il vit, le cœur dépouillé et détaché par le désir, car il n’aime ces biens et ne les garde que suivant ma volonté. S’il les possède matériellement, il n’en observe pas moins le conseil par les dispositions de son cœur, puisque, ainsi que je t’ai dit, il a retranché le venin de l’amour désordonné. Qui agit ainsi demeure dans la charité commune. Mais ceux qui observent les commandements et les conseils non seulement en esprit, mais en réalité, ceux-là sont dans la charité parfaite : ils observent en toute simplicité le conseil que ma Vérité, le Verbe Incarné, formulait au jeune homme qui lui demandait : "Maître, que pourrais-je faire pour obtenir la vie éternelle ? — Observez, lui dit-il, les commandements de la loi. — Je les observe, répondit celui-ci. — Bien ! lui Jésus, si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres (Math., XIX, 16, 21). — Le jeune homme alors devint triste : il avait encore trop d’attache aux richesses, il les possédait avec trop d’amour, de là son chagrin.