Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/249

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Les parfaits, eux, observent le conseil ; ils quittent les biens de ce monde avec tous ses plaisirs, ils affligent leur corps par les veilles, par la pénitence, par la prière humble et continuelle.

Quant aux autres qui sont dans la charité commune, en ne renonçant pas à la possession réelle des richesses, ils ne perdent pas la vie éternelle, puisqu’ils ne sont pas tenus à ce renoncement.

Mais, s’ils veulent posséder les biens temporels, ils doivent faire suivant la manière que je t’ai enseignée. En les conservant, ils ne pèchent pas, puisque toute chose est bonne, excellente, créée par moi qui suis la Bonté souveraine, faite pour le service de mes créatures raisonnables, mais non pour que mes créatures deviennent serves et esclaves des délices du monde. Ceux qui ne désirent pas arriver à la grande perfection, et auxquels il plaît de conserver ces biens, les doivent donc posséder en seigneurs, non en esclaves. C’est à Moi que doit aller leur désir ; tout le reste, ils le doivent aimer non comme une chose à eux prêtée pour leur service, ainsi que je t’ai dit. Je ne regarde ni aux personnes, ni aux positions qu’elles occupent : je n’ai égard qu’aux saints désirs. Par conséquent, dans tous les états que l’homme choisit, une seule chose importe, c’est que sa volonté soit bonne, sainte, conforme à ma volonté. Mais qui pourra ainsi se maintenir, en quelque état qu’il soit placé ? Celui qui aura détruit le venin, par la haine de la sensualité propre, et par l’amour de la vertu.