Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/283

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il n’est plus demeuré que la crainte parfaite, la crainte sainte, qui est la seule peur, non de nuire à son propre intérêt, mais de m’offenser moi-même qui suis la souveraine Bonté. Ainsi la loi imparfaite a été amenée à sa perfection par la loi d’amour.

Depuis que mon Fils unique est venu comme un char de feu, répandant sur votre humanité les flammes de ma charité, l’abondance de ma miséricorde, il a aboli la peine qui châtiait la faute. Ma justice ne punit plus dès cette vie, et sur-le-champ, quiconque m’outrage, comme anciennement il avait été convenu et déterminé. Aussitôt la faute, aussitôt la peine, disait la loi de Moïse. Il n’en est plus ainsi désormais, il ne faut donc plus désormais de crainte servile. Ce n’est pas que le péché ne doive être jamais puni ; mais le châtiment est renvoyé à plus tard, dans l’autre vie, quand l’âme sera séparée du corps, à la condition toutefois que le coupable ne l’aura pas puni lui-même, en cette vie, par une contrition parfaite.

Ainsi la vie présente est le temps de la miséricorde ; après la mort, c’est l’ère de la justice. Il faut donc sortir de la crainte servile, pour arriver à l’amour et à la sainte crainte de Moi-même. Il n’est point pour l’homme d’autre moyen de ne pas retomber dans le fleuve, emporté par les flots des tribulations, meurtri par des plaisirs qui ne sont qu’épines, et déchirent l’âme qui les aime et les possède d’une manière déréglée.