Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/315

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Chacun en effet, selon son état, doit coopérer au salut des âmes, conformément au principe de cette volonté sainte, et tout ce qu’il fait extérieurement, par la parole ou par les œuvres, pour le salut du prochain est virtuellement une prière. C’est bien évident, s’il s’agit de la prière vocale, faite en temps et lieu voulus. Mais en dehors même de cette prière régulière, tout ce que produit la charité pour le prochain, ou pour soi-même, toutes ces œuvres extérieures quelles qu’elles soient, si elles sont accomplies avec une volonté sainte, sont une prière. Comme l’a dit Paul, mon glorieux apôtre : "On ne cesse jamais de prier, quand on ne cesse pas de bien faire."

C’est pourquoi je t’ai dit, qu’il y avait plusieurs manières de prier, en unissant la prière extérieure à la prière mentale ; car la prière extérieure ainsi entendue est faite dans le sentiment de charité, et le sentiment de la charité c’est la prière continuelle. Je t’ai dit aussi, comment l’on parvenait à l’oraison mentale, par l’exercice et par persévérance, en abandonnant la prière vocale pour la prière mentale, quand je fais visite à l’âme. Je t’ai expliqué quelle est la prière commune, et la prière en dehors du temps fixé, et l’oraison de la bonne et sainte volonté, et comment tout exercice accompli par l’âme, pour soi-même ou pour le prochain, avec cette bonne volonté, en dehors du temps ordinaire, est une prière.

Que l’âme recueillie en elle-même s’excite donc, de tout son courage, à cette oraison mère des vertus.