Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la sainte oraison, peu ou beaucoup, suivant le désir de celui qui prie. Celui qui y apporte peu de prudence, et n’observe pas assez la mesure que j’ai marquée, trouve peu. Qui apporte beaucoup, reçoit beaucoup. Plus l’âme s’applique à recueillir sa puissance affective et à l’unir à moi par la lumière de l’intelligence, plus elle connaît. Qui connaît davantage aime davantage, et qui aime davantage goûte davantage. Tu vois donc bien que ce n’est pas par la multitude des paroles que l’on arrive à l’oraison parfaite, mais par le sentiment du désir, en s’élevant vers Moi par la connaissance de soi-même, en conservant ces deux connaissances intimement liées l’une à l’autre.

Ainsi l’âme possédera, tout à la fois, la prière vocale et la prière mentale ; car on peut les unir ensemble, comme la vie active et la vie contemplative, encore qu’il y ait bien des manières différentes d’entendre la prière vocale et la prière mentale.

Quand l’âme est établie dans un désir saint et une oraison continuelle qui consiste dans une volonté bonne et sainte, cette volonté et ce désir entrent en acte, en temps et lieu déterminés, pour ajouter à cette oraison continue du saint désir, la prière vocale, sans que l’âme cesse de demeurer dans cette volonté sainte. Cette prière, elle la fait ordinairement au moment fixé. Parfois même, elle la continuera sans interruption en dehors du temps qui lui est consacré, selon que la charité ou le salut du prochain le demande, suivant ses besoins, ses nécessités, ou suivant l’état où je l’ai placée.