Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/319

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encore, malgré qu’il n’a plus son jardin. Pareillement, celui qui a de l’attrait pour la pratique de la vertu, beaucoup plus que pour les consolations extérieures, ne se relâchera pas de ses bonnes œuvres, il ne cessera pas, à moins qu’il ne le veuille, d’y trouver le repos de l’esprit. Quand viendra l’adversité, il ne sera pas comme celui qui a perdu son jardin.

La recherche de leur satisfaction personnelle égare donc ces mondains et les abuse sur leurs propres actions : " Je sais, disent-ils, que je faisais mieux autrefois et que j’y prenais plus de satisfaction, avant d’être ainsi éprouvé. C’était un plaisir pour moi de faire le bien ! Maintenant cela ne me dit plus rien, je n’y ai plus aucun goût ! " Leur jugement est aussi faux que leurs paroles. S’ils avaient cherché leur contentement dans le bien, pour l’amour même du bien et de la vertu, ils n’en auraient pas perdu le goût, bien au contraire, il se fût développé et accru. Mais comme l’exercice de la vertu n’était soutenu que par l’intérêt de leur propre satisfaction sensible, on comprend qu’il se relâche et cesse bientôt.

Voilà l’illusion où tombe le commun des chrétiens dans la pratique de la vertu. Ils s’abusent eux-mêmes par la recherche de leurs propres satisfactions sensibles.