Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE XXXVIII

(68)

De l’erreur des serviteurs de Dieu, qui aiment encore de cet amour imparfait.

Mes serviteurs, qui sont encore dans l’amour imparfait, me cherchent et m’aiment, par attache à la consolation et à la joie qu’ils trouvent en moi.

Comme je suis Rémunérateur de tout le bien qui se fait, donnant peu ou beaucoup, selon la mesure d’amour de celui qui reçoit, j’accorde donc des consolations spirituelles, tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, dans le temps de l’oraison. Si je le fais, ce n’est pas pour que l’âme ignorante fasse mauvais usage de la consolation, et qu’au lieu de m’aimer tout d’abord, Moi qui la lui donne, elle s’arrête davantage, pour le moment, à la consolation qui lui est donnée. Non : ce que je veux, c’est qu’elle considère le sentiment de charité avec lequel je la lui donne et l’indignité avec laquelle elle la reçoit, bien plus que la jouissance de sa propre consolation. Mais, si l’ignorante ne s’attache qu’à son plaisir, sans un regard pour l’amour que j’ai pour elle, elle tombe dans le malheur et l’égarement que je vais te dire.

Un premier malheur. Trompée par ce besoin de