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CHAPITRE XLV

(75)

Comment les imparfaits veulent suivre seulement le Père, alors que les parfaits suivent le Fils. D’une vision qu’eut cette âme, où elle vit différents baptêmes.

Je t’ai exposé comment l’on sort de soi-même et que c’est là le signe auquel on peut reconnaître qu’une âme a quitté l’imperfection et est parvenue à la perfection. Ouvre donc l’œil de ton intelligence et regarde-les courir, ces parfaits, sur le pont de la doctrine du Christ crucifié qui fut votre règle, votre voie, votre enseignement. Vois comme le regard de leur intelligence ne fixe pas d’autre modèle que le Christ crucifié.

Ce n’est pas Moi, le Père, qu’ils proposent à leur imitation, comme le fait celui qui demeure dans l’amour imparfait et qui ne veut supporter aucune souffrance. Comme en moi il n’est pas de souffrance, et qu’il ne poursuit que la délectation qu’il trouve en moi, c’est à moi qu’il vient, non pour me chercher, Moi, mais la consolation qu’il trouve en moi.

Ce n’est pas ainsi que font les parfaits. Comme enivrés, et tout embrasés d’amour, ils ont réuni les trois puissances de l’âme, figurées généralement par les trois degrés du pont, et ils ont franchi les