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Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/346

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langue qui est dans la bouche du saint désir, avec cette langue de la sainte et continuelle prière. Cette langue parle extérieurement et mentalement. Elle me parle mentalement, lorsqu’elle m’offre ses doux et amoureux désirs, pour le salut des âmes. Elle parle extérieurement, lorsqu’elle annonce la doctrine de ma Vérité, lorsqu’elle avertit, lorsqu’elle conseille, lorsqu’elle confesse la foi, sans peur des contrariétés que le monde lui peut faire souffrir. Hardiment, elle porte mon nom devant toute créature, et de diverses manières, selon que son état le lui permet.

Je dis qu’elle mange. Elle a faim des âmes, et elle prend sa nourriture pour l’honneur de moi, sur la table de la très sainte Croix. Nul autre aliment, nulle autre table ne pourraient en vérité la rassasier parfaitement.

Je dis qu’elle broie sa nourriture avec les dents ; sans cela elle ne la pourrait avaler. La haine et l’amour sont comme deux mâchoires, dans la bouche du saint désir : la nourriture qu’elle y reçoit, elle la broie avec la haine d’elle-même et l’amour de la vertu en elle et dans le prochain. Elle broie, dis-je, toutes les injures, elle broie mépris, affronts, moqueries, réprimandes, persécutions, faim, soif, froid, chaud, désirs douloureux, larmes, sueurs, pour le salut des âmes. Rien ne l’arrête dès qu’il s’agit de mon honneur, elle porte et supporte son prochain.

Quand les dents ont bien broyé c’est le tour du goût. L’âme goûte le fruit de ses peines, elle savoure