Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/35

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nise. La lettre apocryphe de Dom Étienne à Frère Thomas Caffarini doit rentrer dans cet ordre et appartenir à ce genre.

Si le prieur de la chartreuse de Pavie n’a pas dit un mot qui pût appuyer les récits de son correspondant, par contre il a apporté une confirmation éclatante aux affirmations de Raymond de Capoue : « Tout ce qu’il a écrit, dit-il, je crois indubitablement que c’est sous la dictée de l’Esprit-Saint qu’il l’a écrit » : « Quelle cose c’ha scritto, io credo indubitamente che per dettatura dello Spirito Santo egli abbia scritto[1] ».

Or, pour Raymond de Capoue, c’est le Livre tout entier que Catherine dicta en extase, pour nous faire entendre, ajoute-t-il, que ce n’est pas par une force naturelle, mais par la seule action du Saint-Esprit qu’il a été composé : Et tamen Domino sic operante, Virgo Sacra in illa extasi posita totum illum librum dictavit, ut daretur nobis intelligi quod liber ille non ex aliqua naturali virtute sed a sola Sancti Spiritus infusione processit[2]. Ce fait, déclare-t-il, il le tient des secrétaires. Il ne soupçonne aucun autre mode de composition que celui de la dictée, et les particularités il les note soigneusement. Il n’est pas aisé de se persuader que si Maconi ou quelque autre eut vu Catherine écrire de sa propre main plusieurs pages du Livre, il n’en eût pas informé Frère Raymond, qui se montrait si avide de détails précis. Il est encore moins facile d’expliquer comment, lorsque ce récit circule attribué à Maconi, ce même Maconi dont on invoque le témoignage garde un silence obstiné sur ce fait et ne retrouve toute son éloquence que pour rendre hommage à la véridicité de Raymond de Capoue[3].

  1. Gigli, voL I. Lettre de Maconi, § 26.
  2. Légende, III, c. i.
  3. Dans son émouvante histoire de la sainte, Mme la comtesse de Flavigny explique que « le Prieur de la Minerve était