Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/36

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Si Catherine elle-même a écrit, dans quel état a-t-elle écrit ? En extase ? Comment le croire quand on pense aux conditions normales de l’extase, à cette aliénation des sens, à cette insensibilité décrite par Catherine elle-même dans son Dialogue (c. 79). Demandera-t-on pourquoi dès lors elle a pu parler, et ayant pu parler pourquoi elle n’aurait pu écrire ?

C’est par une dispensation toute particulière, nous l’avons vu, que Catherine pouvait parler et dicter dans cet état d’insensibilité propre à l’extase. Cette dérogation est notée dans le Livre et il n’est pas douteux que ce soit le propre cas de notre sainte qui est ici visé. « La langue ne parle pas, dit le Père éternel, sinon, comme il arrive parfois sous la pression du cœur, quand je permets à la langue d’exprimer le trop plein de l’âme pour la gloire et l’honneur de mon nom. Cette exception mise à part, la langue ne parle pas. » Mais il n’est fait mention d’aucune exception providentielle qui aurait permis à la main d’écrire, au cours même de l’extase.

Mais en dehors de l’extase ? Catherine n’aurait-elle pas écrit des pages du Livre, alors qu’elle aurait repris

    alors à Rome ; il parle d’après le témoignage d’autrui, tandis qu’Étienne Maconi déclare au P. Gaffarini, qu’il a vu la sainte écrire de sa propre main plusieurs pages du Dialogue ».

    Me sera-t-il permis d’observer que les termes précis de ce problème de critique sont autres :

    1° Ni Raymond de Capoue ni Gaffarani ne sont témoins immédiats ;

    2° Tous deux invoquent le témoignage d’Étienne Maconi ;

    3° Étienne Maconi apporte à Raymond de Capoue la plus éclatante confirmation : il garde un silence tout chargé de désaveu, devant la sommation de Thomas Gaffarini.

    Ici, encore une fois, ne suffit-il pas de bien poser la question, pour l’avoir déjà résolue.