Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/377

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des âmes. En aucun point, elle n’est en désaccord avec ma volonté ; mais emportée par le désir qui l’oppresse, elle court, revêtue du Christ crucifié, passant par le pont de sa doctrine, se glorifiant des opprobres et des souffrances. Elle se délecte dans les peines, et la mesure de ses peines est la mesure de sa joie. Plus elle est éprouvée par les tribulations, plus elle y trouve d’apaisement à son désir de mourir ; car souvent, le désir qu’elle a de souffrir adoucit la peine qu’elle ressent d’être enchaînée à son corps.

Dès lors ce n’est plus seulement avec patience que mes serviteurs accueillent la souffrance, comme dans le troisième état ; ils se font gloire d’endurer pour mon nom de nombreuses tribulations. Souffrir, pour eux c’est jouir ; leur souffrance est de ne pas souffrir. Ils n’ont qu’une crainte, c’est que je ne veuille récompenser en cette vie leurs bonnes actions, et que je n’aie pas pour agréable, le sacrifice de leurs désirs. Dès qu’ils sont dans la peine, dès que je leur ménage des tribulations, leur âme retrouve son allégresse, en se voyant ainsi revêtue des souffrances et des opprobres du Christ crucifié. S’il leur était possible de pratiquer la vertu sans peine, ils ne le voudraient pas. C’est sur la croix, avec le Christ, qu’ils veulent trouver leur joie ; c’est par la souffrance qu’ils veulent acquérir la vertu et arriver à la vie éternelle, parce qu’ils ont été plongés et embrasés dans le Sang, où ils ont trouvé le feu de ma Charité ; car cette Charité est un feu, un feu qui