Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/397

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dont l’âme se nourrit dans la véritable patience. Ces larmes sont comme un onguent parfumé, qui répand une odeur d’une grande suavité. O ma fille bien-aimée, combien glorieuse est cette âme qui a réellement su traverser la mer des tempêtes, et arriver jusqu’à moi l’Océan de paix, pour y remplir le vase de son cœur, dans les flots de ma souveraine et éternelle Divinité. Les yeux, où se déverse le cœur, s’empressent à le satisfaire, et ils répandent des larmes.

C’est la le dernier état, où l’âme est tout ensemble bienheureuse et affligée bienheureuse à cause de l’union qu’elle a faite avec moi par le sentiment de ma présence, en goûtant l’amour divin ; et affligée par l’offense qu’elle voit faire à ma Bonté et à nia Grandeur, qu’elle a contemplées et savourées dans la connaissance d’elle-même et de moi, par laquelle elle est parvenue à ce dernier état.

Cette affliction ne fait pas obstacle à l’état d’union ni n’empêche les larmes de grande douceur que lui fait répandre la connaissance d’elle-même. C’est la Charité qu’elle a pour le prochain qui la fait, tout ensemble, pleurer d’amour pour la divine miséricorde, et pleurer de douleur pour les péchés d’autrui. Elle meure avec ceux qui pleurent, elle se réjouit avec ceux qui sont dans la joie. Ceux-là sont dans la joie qui vivent dans la charité, et avec eux l’âme se réjouit, en voyant que mes serviteurs rendent honneur et gloire à mon nom.

Ainsi, loin que les larmes d’affliction empêchent les larmes de douceur que fait verser le sentiment